Jolie étudiante

Disponible pour moments complices, détente, massages afin de payer mes études et me faire plaisir - Photos 100% réelles - Je réponds uniquement par SMS aux gens courtois et à l'hygiène irréprochable.

"Jolie étudiante" s'appelle Ellenn, elle a 23 ans. BAC+ 4, elle se prostitue depuis un an.

« Mon premier client, c’était un homme d’une petite quarantaine d’années. Je devais le rencontrer dans un hôtel premier prix en dehors de Lyon. Il a proposé qu’on se retrouve avant dans un McDo, pour discuter. J’y suis allée à l’aveuglette.

J’étais timide et stressée, et d’autant plus gênée que le mec me parlait de ce qu’il aimait faire avec des détails très crus, alors qu’on était dans un lieu public : j’avais l’impression que tout le monde savait ce que je m’apprêtais à faire. À ce moment-là, je voulais juste passer à l’hôtel et en finir le plus vite possible. Avoir ce foutu argent, et rentrer chez moi.

À l’hôtel, il m’a massée pour me détendre. Je pense qu’il avait compris que c’était la première fois que je faisais ça. Il était attentif à mon plaisir, ça comptait pour lui, visiblement. J’ai essayé de me détendre, en me disant que c’était un bon moment, finalement. Les préliminaires se sont globalement bien passés. Mais pendant le rapport, au bout de quelques minutes, j’ai commencé à paniquer et à me rendre compte de ce que je faisais. Puis j’ai tourné la tête. Je me suis mise à  suffoquer, mes yeux pleuraient. Je faisais littéralement une crise de panique. Il était surpris et a essayé de me rassurer. J’ai fini par lui dire que je voulais rentrer chez moi, car je me sentais complètement désorientée. Puis il m’a donné la moitié de l’argent qu’il me devait car il n’avait pas joui.

En rentrant chez moi, j’étais sonnée, je ne savais plus trop ce que je voulais : cet argent en donnant mon corps, le gagner d’une manière plus saine, ou demander de l’aide à mes parents ? Je me demandais si je n’étais pas en train de faire une bêtise que j’allais regretter. J’ai laissé passer quelques jours.

Et au final, plus je regardais ces billets, plus je me disais que gagner autant en si peu de temps règlerait plein de problèmes. J’ai décidé que j’allais continuer, au moins pour être sereine financièrement. Et qu’après, j’arrêterais. »

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« Je suis comme toute étudiante de 23 ans. Un étudiant sur six envisagerait de se prostituer en situation de grave précarité. Je sors, je fais des apéros, je vais en cours, j’ai des loisirs et des amis. Je suis en master de droit à Lyon. Ce n’est pas facile, il faut pas mal travailler. J’ai déjà redoublé deux fois à cause de problèmes personnels. Du coup, je tiens vraiment à m’investir à fond pour réussir.

Ce n’est pas simple avec mon activité à côté et c’est assez fatigant, mais je m’organise. C’est un rythme à prendre. Travailler dans un bar à champagne, c’est avoir un rythme décalé. Pour Lili: “C’est une vie parallèle.”

À la fac, je montre une facette de moi que d’autres ne verront jamais et inversement. Je tiens à garder ma vie étudiante, mais j’aime le fait d’avoir cette part de mystère, cette double-vie.Pour Sébastien Renaud de l’amicale du nid : “Elles ont toutes connu un jour une interruption d'études”

Il s’est avéré que deux fois, je me suis retrouvée dans des situations bizarres en tombant sur un étudiant et un prof de ma fac. En revanche mes amis n’imaginent rien du tout. Pour Ash, l’arrivée à la fac est une émancipation tout comme son travail : “Si ça peut me construire, autant avoir une période escort” Seuls peut-être un ou deux émettent des doutes. C’est vrai que me voir vivre dans un appartement de 70 m², seule, dans le centre de Lyon, peut amener à se poser des questions. Mais personne n’a accès à ma vie personnelle et tant mieux.

« Globalement j’ai toujours été intéressée par le sexe. Pour Eva Clouet, sociologue, "encore aujourd'hui, la sexualité est un tabou." Mon intérêt pour l’escorting est venu plus tard, vers l’âge de 18-19 ans. Je n’y connaissais absolument rien mais j’avais entendu parler du livre Journal intime d’une call-girl qui a été adapté ensuite en série. J’avais trouvé ça vraiment passionnant. Quelques années ont passé et je n’y ai plus trop pensé. Et puis, il y a un an et demi, j’ai commencé à me poser de plus en plus de questions. J’ai regardé des films et des vidéos sur la prostitution, cherché des forums sur internet, lu des témoignages anonymes, des articles de presse, des vidéos. J’ai même commencé à me renseigner sur des agences de sugar-dating en France, sur comment devenir une escort-girl, les risques encourus et le déroulement des rendez-vous. Ça me paraissait tellement facile… Seulement, je n’étais pas encore prête à passer le cap. J’avais encore peur de ne pas savoir comment me comporter ou de tomber sur des mecs louches.

La bascule s’est faite en mai 2017. C’était tout bête : j’avais loupé mon permis et je n’avais pas assez d’argent pour le repayer. Selon Eva Clouet, l'une des raisons de se prostituer, c'est "le facteur économique"

En plus, j’avais quelques petites dettes qui me stressaient, un prêt étudiant à rembourser et des vacances à financer. Je n’osais pas du tout demander de l’aide à mes parents ou même à des amis. J’avais plus de 18 ans et je voulais être autonome. C’est à ce moment-là que je me suis lancée en postant une annonce sur VivaStreet. »

« Au début, j’avais peur. Je me posais tout le temps des questions : qu’est-ce que je fais si la personne ne me plaît pas un minimum ? Est-ce que je me barre ou est-ce que je reste pour l’argent ? S’il me demande de lui faire un truc et que je n’en ai pas envie, comment est-ce qu’il va le prendre ? Et s’il se passe quelque chose, comme personne n’est au courant, je n’ai personne à prévenir. Cette peur a fini par se dissiper au fil des rencontres. Quand on fait ça tous les jours, bizarrement, une forme d’habitude finit par se créer.   L’escorting homosexuel et hétérosexuel sont-ils différents ? Oui et non, pour Ash. “Il y a un certain sens de domination du côté hétéro."


Pour beaucoup de choses, j’y allais à l’aveuglette, j’apprenais sur le tas. Par exemple, dans les premières prises de contact, j’ai fait la connerie de mettre mon numéro personnel sur VivaStreet. Je me suis alors fait harceler de messages et je n’arrivais plus à faire le tri. En plus, certains mecs ont trouvé ma vraie identité sur Facebook. J’ai dû tout bloquer et utiliser un autre numéro.
Dans les premiers temps, j’avais aussi fait la bourde de mettre mes tarifs et mes prestations sur mon annonce VivaStreet, et elle a été supprimée immédiatement. Car en France, c’est interdit de parler de pratiques rémunérées. Du coup, je passe par des moyens détournés : je parle d’accompagnement. Mais les gens ne sont pas dupes, ils savent qu’on ne va pas juste aller au restaurant avec eux et faire plante verte. Maintenant, je suis uniquement sur un site d’escort spécialisé où on remplit un questionnaire plus explicite sur nos pratiques. Et je suis très prudente et veille à bien scinder ma vie personnelle et professionnelle.

Avec les clients, j’ai aussi connu quelques mésaventures. Avec l'expérience, Marla sait quelles erreurs elle ne doit plus faire : "Faut toujours s'aimer dans ce travail."

L’été dernier, l’un d’eux a fait mine d’aller prendre sa douche après la passe, et il s’est barré sans payer. Je me sentais hyper mal. En plus, quelque chose comme ça au début, ce n’est jamais facile. Je suis aussi tombée sur plusieurs mecs qui commençaient le rapport avec une capote et qui la retiraient dès que j’étais en position de ne pas pouvoir faire grand chose, sans me demander si j’étais d’accord [pratique dite du « stealthing », NDLR]. Ça me laissait clairement sur le cul. Je me sentais conne et nulle. Je me disais que les hommes étaient vraiment tous des connards et je me sentais niée, réduite à un objet sexuel. Je me disais « mais mec, tu as une femme, tu risques de lui transmettre des infections sexuellement transmissibles, le VIH ! ». C’est ce qui m’a le plus dégoûtée : de voir des hommes qui n’ont plus aucun scrupule et qui agissent sous le coup de pulsions. Chloé est hôtesse dans un bar à champagne. Illusion et séduction sont les maîtres-mots de son job: "Tu me payes, du coup j'exécute."

Je ne comprends pas comment ils ont pu faire ça juste pour mieux sentir les choses. J’ai pas mal pleuré après ces épisodes. Mais je me suis vite remise en selle, comme on dit. Après une chute, il ne faut pas rester traumatisée. Ce genre d’erreurs m’a appris à être plus méfiante. Désormais, je demande systématiquement l’argent avant le rapport. Et je continue de me protéger, c’est super important. »

« Avec Internet, je suis dans une position où je peux choisir mes clients. Si l’un ne parle pas bien français ou ne me plaît pas sur la photo, je le refuse. Côté tarifs, je prends minimum 200 euros pour une heure et demie et 500 euros pour la nuit complète. Beaucoup de rendez-vous durent au moins trois heures car certains aiment prendre leur temps, discuter, boire un verre et avoir au moins deux rapports.

Tous les clients me payent en liquide. Ça fait des grosses sommes et ça peut être dangereux de garder tout chez moi. Du coup, j’ai ouvert un coffre à la banque dans lequel je dépose mon cash toutes les semaines, et je garde 200 euros sur moi pour mes achats. Se prostituer, c’est aussi gérer de l’argent. Stella était un peu perdue au début. “Je ne vais pas faire ça pour 50 euros”. Je dépense surtout mon argent en me faisant plaisir au quotidien. Mais je n’achète pas des trucs bling-bling. J’aime beaucoup voyager donc je me fais des week-ends à la montagne, des semaines à l’étranger, des croisières.

Je fixe des tarifs volontairement élevés pour avoir des hommes d’une certaine tenue et avec un bon pouvoir d’achat. Leur profil va des étudiants de 24-25 ans à des hommes de 55 ans, des hommes d’affaires, des hommes mariés ou en couple qui n’ont pas l’affection qu’ils recherchent chez eux. Beaucoup d’hommes me proposent des rendez-vous de 15 à 30 minutes, mais je refuse. D’ailleurs, si je ne réponds pas dans la minute, je me fais insulter. Personnellement, je veux qu’il y ait un minimum d’échanges, pour que j’arrive à me dire à la fin du rendez-vous que ça m’a apporté quelque chose.

Pour communiquer avec eux et planifier les rendez-vous, j’utilise une application mobile qui permet d’anonymiser mon numéro. Je peux la désactiver quand je veux et ça n’interfère pas sur mes données personnelles. Souvent, les réguliers me contactent le dimanche soir pour connaître mes disponibilités. En moyenne, je prends trois rendez-vous par semaine, ce qui me laisse le temps de travailler mes cours et d’avoir une vie sociale à côté.

Le fait d’avoir des clients réguliers me rassure. Mais à partir d’un certain stade, c’est facile de confondre et de rentrer dans une sorte de “relation”, en allant au restaurant ou boire des verres. Et ça, je veux l’éviter. Je cherche donc à avoir de nouveaux clients. Mes rapports avec eux ne sont pas que sexuels. Certains se sentent seuls et ont simplement besoin d’être écoutés, alors on discute. Ils me donnent même des conseils pour ma vie future. Quelques-uns sont vraiment sincères, il me semble. »

« Il y a eu un moment de bascule entre les quatre ou cinq premières fois en mai, et la fin juin. En fait, après cette “première phase”, j’ai arrêté pendant un mois à peu près. Et puis, l’été arrivant, je me suis retrouvée toute seule à Lyon, sans mes amis, ni ma famille. J’étais livrée à moi-même, sans stage, rien. C’est là que j’ai basculé. Quand j‘ai commencé, je voulais juste régler mes problèmes financiers. Une fois ce cap passé, j’ai continué pour avoir un train de vie plus confortable et mettre de l’argent de côté. J’ai littéralement passé tout mon été à faire ça, acceptant parfois deux à trois rendez-vous dans la journée.

C’est tout bête, mais le fait d’être seule, d’avoir une famille peu présente depuis quelques années déjà et d’avoir connu des hommes qui ne sont intéressés par moi que pour le cul, je me suis dit : qu’est-ce que ça peut faire de les voir pour de l’argent ? Autant que le sexe rapporte quelque chose ! Jean-Marc Jouffe est psychologue-clinicien. Selon lui, "on peut considérer que l'argent est plus important que son corps". J’aime le fait de gagner de l’argent facile, de manière rapide et importante. Si je ne reçois ni affection, ni amour, alors autant que je sois gagnante sur un facteur, au moins. Je sais, c’est un peu bizarre de penser comme ça, mais je ressentais aussi le besoin d’être regardée, admirée et cajolée. Parce que les plans cul de mon âge que j’avais ne pensaient qu’à eux et n’en avaient rien à foutre de moi. J’avais besoin de savoir que je plaisais et que je pouvais séduire. Certains clients faisaient même quelques heures de route et venaient d’une autre région pour me voir : ça signifiait qu’ils me donnaient de l’importance. Eva Clouet, sociologue : "Il y a une valorisation par l'argent"

D’un point de vue intime et personnel, le plus dur dans cette double vie, ce serait de rencontrer un garçon avec qui j’ai envie d’avoir une vraie relation. Soit je lui avoue tout quitte à le perdre, soit je ne dis rien et je fais le choix de lui mentir. C’est compliqué de me figurer ce qui est le mieux à l’instant T. Au début de l’année, j’ai eu un petit copain. Mais ça n’a pas collé. Il ne me trouvait pas assez investie dans la relation. J’étais obligée de lui mentir, cela me mettait mal à l’aise. Et lui se demandait continuellement pourquoi je n’avais jamais assez de temps à lui consacrer. On a fini par se séparer.

Et quand il m’arrive des choses qui m’attristent ou me font gamberger, je ne peux pas en parler à quelqu’un de proche. C’est ce qu’il y a de plus dur à gérer. Si je me confiais à une amie, j’aurais trop peur qu’elle ne me voie plus de la même façon. Pour éviter les regards inquisiteurs, Chloé a fait part de son emploi d'hôtesse à très peu de gens : "Le jugement appartient à chacun, mais c'est assez blessant."

Je suis toujours la même au fond, j’ai juste cette autre partie de moi que les gens qui me côtoient ne connaissent pas. Mais cette autre partie de moi fait justement partie de moi. Sans elle, je ne serais pas “moi”. De plus en plus, j’apprends justement à accepter et à assumer cette part de ma personnalité.

Alors, il y a quelques mois, j’ai sauté le pas. J’ai mis au courant ma meilleure amie. Depuis, notre amitié est complètement brisée. Je la connais depuis dix ans, et pourtant, elle m’a tout de suite jugée. Elle ne parvenait pas à comprendre comment j’en étais arrivée à faire ça. J’aurais pensé qu’en lui disant, même si elle ne m’avait pas comprise, elle ne m’aurait pas jugée comme elle l’a fait. Qu’elle aurait fait l’effort d’accepter, qu’elle me dise « je ne suis pas d’accord avec ce que tu fais, mais si c’est ce que tu souhaites pour le moment, je suis prête à le respecter ». J’aurais aimé entendre ça d’elle. Et j’aimerais que la société pense ça et ne jette pas continuellement la pierre à celles et ceux qui ont fait ce choix, car on ne connaît pas les raisons qui ont poussé les gens à faire cela. Le lendemain de cette « altercation » avec mon amie, j’ai vraiment eu cette impression de porter un poids et ressenti un réel besoin de parler à quelqu’un.

J’ai souvent des moments de doute. Très souvent même. Quand je vais en cours, que je fais des soirées, personne ne se doute de rien. Et c’est dans ces moments-là que je me dis : « S’ils savaient qui je suis réellement, est-ce que ça changerait réellement pour eux ? » Est-ce qu’ils continueraient à m’apprécier ? À me considérer comme la petite étudiante rigolote que je suis ? Parfois, je psychote et je me dis que j’aurais peut-être aimé ne pas tomber dedans pour ne pas voir la réalité de ce que les hommes peuvent faire et jusqu’où ils peuvent aller. J’aurais aimé rester dans l’insouciance de ma vie étudiante et des relations hommes-femmes. Avec ses clients, Stella entre dans son personnage : “Je suis une enfant qui joue à la femme”

Parce qu’aujourd’hui, je n’ai quasiment plus foi en l’amour ou en une potentielle construction de couple. Quand je vois tout ce que peuvent faire les hommes pour satisfaire leurs besoins... Quand j’ai des clients réguliers qui m’offrent des cadeaux, des dîners romantiques ou même des vacances dans leur maison de famille, j’ai un peu mal au cœur pour la femme et la famille laissées derrière. Est-ce que tout cela fait de moi quelqu’un de bien? Ou suis-je dénuée de toute valeur ? Je ne sais pas.

Cela va faire six mois maintenant que je vois une psy. Elle m’apporte l’oreille attentive que j’aimerais trouver ailleurs. Anne-Marie Fabre, infirmière au Centre de santé de Grenoble : “Il y a une prise en charge psychologique et des relais avec les assistantes sociales”. Selon elle, ce serait mieux pour moi que je cherche à me rapprocher de chez mes parents. Elle m’a dit que l’éloignement de ma famille me fragilise et me pousse à adopter certains comportements. Je ne suis pourtant pas persuadée que ce serait une solution. Depuis la séparation de mes parents, il y a quatre ans, nos rapports se sont beaucoup distendus et ma famille s’ est retrouvée quelque peu éclatée. Avec mon père, nous avons gardé une relation assez fusionnelle, mais avec ma mère, les choses se sont compliquées. Elle n’a jamais eu de rapport vraiment maternant envers moi et ne s’est pas tellement préoccupée de mon sort. En réalité, j’ai l’impression que les gens me prendront systématiquement pour une fille dérangée. Pas toujours facile pour Marla d’être jugée sur son travail:“Beaucoup se sont dit que j’étais forcément instable dans ma tête.” Ils doivent se dire « je ne comprends pas, elle a ce qu’il lui faut, elle fait des études correctes, elle a des amis, elle n’a pas de problème de sociabilité, donc pourquoi le faire ? ». Peut-être que si j’avais de vrais problèmes financiers, les gens seraient plus compréhensifs. Parce que c’est vrai : dans mon cas, je sais que je n’ai pas vraiment d'« excuse » à faire ça. Mais toute la question est de savoir : est-on obligé d’en avoir une pour pouvoir faire ça ? J’assume le fait de dire que cela m’épanouit. Sexuellement, ça m’aide à acquérir une certaine expérience et en tant que femme, on peut avoir des envies et des besoins, et c’est normal. En ce qui concerne l’argent, c’est vrai que j’ai pu amasser beaucoup en peu de temps. Avant, j’ai été caissière pendant un an dans une pharmacie de garde et j’ai démissionné parce que je ne supportais plus les horaires lourds et la pression.

Je fais très attention à ma santé. Je fais tous les mois des tests de dépistage gratuits dans les hôpitaux. Jusqu’à maintenant, et heureusement, je n’ai rien eu. En revanche, je ne prends pas de contraception. J’ai pris la pilule pendant huit ans, mais je l’ai arrêtée il y a un peu plus d’un an. Je sais que c’est risqué, mais je n’ai pas eu de problème jusqu’ici. J’ai toujours des rapports avec préservatifs, donc tout va bien de ce côté-là. Mais je me pose la question de prendre une nouvelle contraception autre que la pilule. »

« À terme, je pense arrêter la prostitution. Lili, elle, était hôtesse dans un bar à champagne. Son patron a dépassé les limites, elle a démissionné. “C’est parti en harcèlement sexuel.” Je n’ai pas fixé de date butoir, mais en mai-juin prochain, ce serait bien. Cela me travaille beaucoup en ce moment. C’est très chronophage et j’aimerais pouvoir me concentrer sur autre chose. Car plus tard, j’aimerais devenir avocate. Ou juriste en entreprise. Pour ça, il faudrait que je réussisse l’examen du barreau. Ce n’est pas évident, mais je ne fais pas des études pour rire, je suis ambitieuse. Je veux un travail épanouissant grâce auquel je gagnerai correctement ma vie.Eva Clouet, sociologue : "Les étudiants ne sont pas sur-représentés dans le paysage de la prostitution."

D’un autre côté, j’ai peur que cette double vie devienne une addiction, et que je ne puisse m’empêcher de séduire des hommes pour avoir de l’argent ou des cadeaux en retour. Il y a toujours le risque de retomber dans les passes le jour où je suis en manque de thune, juste pour me faire 1000 balles… Car on y prend vite goût.

J’espère tomber un jour assez amoureuse pour avoir la force d’arrêter mon activité. Sébastien Renaud de l'Amicale du Nid : "Il y aurait tout un travail de sensibilisation à produire." Je pense qu’actuellement, ce serait un des seuls moyens. J’ai seulement peur de ne pas trouver la force de le faire. Et surtout, quelqu’un m’aimera-t-il un jour assez fort pour m’accepter avec ce passé ? »

Jolie étudiante est un projet multimédia des étudiants en master 2
de l’École de journalisme de Grenoble.

Benjamin Arnaud
Aurélie Berland
Flore Danvide-Visso
Adeline Divoux
Florian Espalieu
Thibaut Faussabry
Matilde Gazave
Arnaud Gruet
Juliette Hay
Nicolas Joly
Anja Maiwald
Séverine Mermilliod
Juliette Mitoyen
Suzon Tisseau

Avec le soutien de Thibault Lefèvre, Marion Boucharlat, Loïc Mermilliod.

Un grand merci à nos témoins pour leur confiance.

Jolie étudiante
  1. Prologue : mon premier client
  2. Ma vie d'étudiante "normale"
  3. Ma vie "professionnelle"
  4. Quand je suis seule
  5. Epilogue : mon futur, mes rêves
  6. Crédits